Capitalisation de 18 ans d'appui aux programmes d'éducation de la Suisse au Bénin

Actualités locales, 04.02.2019

Depuis 20 ans environ, une éducation de qualité et équitable pour tous, y compris les filles des milieux vulnérables est l’une des priorités de la Coopération suisse au Bénin. Près de 7000 Béninoises ont accédé à l’éducation dont environ 60% à des formations jadis réservées aux hommes et aux classes sociales supérieures. De 2000 à 2018, la Coopération suisse au Bénin et son partenaire, le Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale (LARES), ont mis en œuvre des programmes d’appui à l’éducation des filles. Au terme de 18 ans d’intervention, les programmes ont atteint des résultats significatifs et enregistré des effets probants.

Femme commissaire de police
Rachida Boni, commissaire de police et ancienne allocataire des programme d'éducation des filles de la Suisse au Bénin © DDC Benin

Au Bénin le taux d’accès à une éducation de qualité reste faible et on note aussi un inégal accès à l’éducation entre les filles et les garçons. Il en résulte une faible instruction au niveau des femmes et leur faible présence dans les instances de décisions à tous les niveaux. Pourtant, elles jouent un rôle économique et social très important dans la société.

Pour remédier à cette situation, la Coopération suisse au Bénin et son partenaire, le Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale (LARES), ont initié des programmes d’éducation ayant comme centre d’intérêt l’éducation des filles de 2000 à 2018.

Durant cette période, trois grands programmes ont été mis en œuvre à savoir :

  • 2000-2007 : le Programme de Renforcement et d’équilibrage des Capacités Nationales pour le Développement Local (RECADEL) était orienté spécifiquement vers la facilitation de l’accès à l’université des jeunes bachelières des localités vulnérables des départements du Borgou, Alibori, Collines, Donga et Atacora.

  • 2008-2013 : le programme Appui Suisse à la Promotion de l’Education des Filles (ASPEF) était élargi aux quatre ordres d’enseignement (la maternelle, le primaire, le secondaire et l’université). Les activités du programme ont couvert plusieurs écoles primaires et secondaires des départements du Borgou, Collines, Alibori Atacora et Donga et le centre universitaire de Parakou.

  • 2014-2018 : Le Projet « Equité et Qualité dans l’Education pour le Développementdes Compétences » (EQuDeC) a permis de contribuer au renforcement du capital humain en vue de doter le Bénin, de ressources humaines de qualité capables de soutenir son développement économique et social.

Si les objectifs de ces programmes ont évolué dans le temps, la promotion de l’éducation des filles en soutien au développement local, a toujours été un des fils conducteurs de tous les projets. Ainsi divers moyens étaient mis en œuvre pour atteindre les résultats : bourses de formation aux filles de familles rurales pauvres, dialogue intergénérationnelle, formation, stage d’entreprise, renforcement de capacité à divers niveaux et un dispositif d’information, d’orientation et d’accompagnement, soutien aux acteurs pour l’amélioration de la qualité de l’éducation etc.

Les résultats obtenus

De manière spécifique au niveau des boursières du projet

  • La facilitation de l’accès d'environ 7'000 filles de la maternelle à l'université à une éducation à travers des bourses de formation (allocations mensuelles et renforcement de capacités) ;

  • La facilitation de l’accès des filières à des formations ouvrant des carrières jadis réservées aux hommes mais aussi à une catégorie socioéconomique ;

  • Un taux de succès des filles ayant reçu un soutien supérieur au taux de celles n’ayant pas obtenus de soutien dans la zone d’intervention des programmes (en moyenne un écart de 35% au niveau universitaire) ;

  • La disponibilité d’un vivier de femmes cadres qualifiées et compétentes au profit des communes et autres structures de développement à la base autrefois dépourvues de ressources humaines de qualité. (Exp : dans la zone d’intervention des programmes en 2017, 60% des femmes cadres dans les communes bénéficiaires du projet étaient des anciennes allocataires des projets) ;

  • L’éclosion d’un leadership féminin, d’un engagement et d’une forte ambition à occuper de hautes fonctions au niveau des bénéficiaires du niveau universitaire ;

  • Le positionnement des anciennes bénéficiaires du projet à des hautes fonctions de décision jadis réservées aux hommes (Enseignantes chercheures, Préfet, avocate, maire, commissaire, forestière, Directrice techniques dans les ministères etc.). 

De façon général, on peut noter :

  • Le renforcement de la gouvernance locale mettant l’éducation de la fille au cœur des stratégies ;

  • Une forte réduction des facteurs de déperdition scolaire des filles (grossesse, mariages forcés, meilleures responsabilité parentale, meilleure perception de l’importance de l’éducation des filles etc.) ;

  • L’éclosion d’un leadership féminin au profit de l’éducation des filles au niveau communautaire ;

  • L’éclosion de bonnes pratiques au sein des ménages en vue d’améliorer l’éducation genre sensible au niveau des ménages ruraux ;

  • L’accroissement de l’accès et du rendement scolaire des filles dans la zone d’intervention.

Des réflexions sont en cours pour les nouvelles orientations à donner au programme d'éducation de la Suisse au Bénin.