Après sa réussite au baccalauréat, Djoudé Demo entreprend des études en sciences agronomiques au Centre universitaire de Djougou, un institut de formation rattaché à l’Université de Parakou. Elle y obtient, au boutde trois années d’études, en 2012, sa licence avec une spécialisation en production animale. Derrière le choix de cette spécialité se cache, en réalité, une histoire où se croisent la volonté de servir sa communauté et une rencontre humaine.
Guidée par la fibre communautaire, Djoudé a toujours rêvé d’apprendre quelque chose qui servira à ses parents, à sa communauté sans en avoir une idée précise. Mais elle trouvera son chemin pendant ses études secondaires. « Quand j’ai eu mon CEP, j’étais parmi les premiers dans mon département. Je me suis retrouvée, après un test, inscrite au foyer des jeunes filles à Parakou. La directrice m’avait adoptée et j’étais devenue comme sa fille. » Cette rencontre humaine sera décisive pour elle. « Le fils de la directrice poursuivait des études d’agronomie et pendant les discussions, j’entendais parler des animaux. C’est en ce moment que j’ai découvert qu’il y avait une école spécialement pour l’option élevage. » Dès lors, Djoudé se donne les moyens de décrocher une place à la faculté d’agronomie.
Après sa soutenance en décembre, son chemin recroise celui de son tuteur, un animateur qu’elle a connu alors qu’elle était en classe de 5ème lors d’une séance de sensibilisation des éleveurs sur la production fourragère et l’inscription des filles à l’école. En poste à Apidev, celui-ci l’encourage à postuler pour le test de recrutement d’un assistant technique en production animale lancé par l’Union Départementale des Organisations Professionnelles des Eleveurs de Ruminants (UDOPER).
Djoudé est reçue au test mais ses premiers contacts sont une désillusion. « Au moment du dépôt du dossier, j’ai postulé pour le poste d’assistant technique en production animale mais le jour de la signature des promesses d’emploi, on m’a tendu le formulaire d’emploi sur le poste d’assistant technique en transformation agroalimentaire et commercialisation.» Furieuse un moment, elle finira par accepter le poste. On lui explique en effet qu’elle pourrait être plus utile en assumant cette fonction où elle est appelée à travailler avec les groupements de femmes, à les appuyer sur la transformation des produits agroalimentaires et la commercialisation, notamment les produits d’origine animale. Elle doit aussi les aider à se redynamiser, à être leaders dans leur domaine et à régulariser leur groupement.
Un bilan remarquable et remarqué
À ce poste, Djoudé se découvre une passion : la rédaction de projets pour les groupements de femmes :« En prenant service et par le contact avec les femmes je me suis rendu compte que les groupements n’avaient pas les moyens nécessaires pour exercer leurs activités.» Heureusement la création du Fonds communal pour le développement agricole (FCDA) offre une opportunité pour les femmes d’obtenir le financement de microprojets d’amélioration de leurs activités. Pour accéder au fonds, il faut soumettre des dossiers bien ficelés. L’appui de Djoudé sera déterminant pour les groupements qu’elle accompagne. Elle s’appuie sur ses connaissances en production animale pour proposer des projets pertinents. Sur les 11 groupements à sa charge, 8 obtiennent des subventions du FCDA pour mettre en œuvre leurs activités. « Je me sens utile », confie celle qui rêvait depuis toute jeune de servir sa communauté.
