En 2024, le monde est resté fortement polarisé et marqué par des guerres, des conflits et une grande instabilité. Un arc de crises continue d’affecter le voisinage de l’Europe : la Russie a poursuivi sans relâche sa guerre contre l’Ukraine, une guerre aux conséquences dramatiques pour la population civile ukrainienne et qui impacte l’ensemble du continent européen. En Afrique, le conflit au Soudan a fait de nombreux morts et provoqué d’importants déplacements de populations. Le conflit au Proche-Orient a connu un nouvel embrasement, puis s’est quelque peu apaisé vers la fin de l’année. La situation reste également fragile en Syrie, depuis la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre 2024.
Fin des négociations entre la Suisse et l’Union européenne
Dans ce contexte, le Conseil fédéral s’efforce de stabiliser et de continuer à développer les relations avec l’Union européenne (UE) et ses États membres, en particulier avec ceux qui sont situés dans le voisinage direct de la Suisse. À cet effet, il a adopté en mars 2024 un mandat en vue de négociations avec l’UE, lesquelles se sont achevées en décembre 2024. La série d’accords en question, qui portent essentiellement sur le libre accès au marché intérieur de l’UE, se divise en deux parties, la première porte sur la stabilisation des relations et la seconde sur leur développement. La partie sur la stabilisation comprend l’introduction, dans les accords relatifs au marché intérieur déjà existants, d’éléments institutionnels et, lorsque nécessaire, de règles sur les aides d’État. Elle prévoit également des accords de programme ainsi qu’une pérennisation de la contribution suisse. La partie sur le développement contient quant à elle de nouveaux accords d’accès au marché (électricité et sécurité alimentaire) ainsi qu’un accord de coopération dans le domaine de la santé. Dès que les négociations sur le fond ont été achevées le 20 décembre 2024, les chercheurs en Suisse ont pu accéder de nouveau à tous les domaines du programme Horizon Europe.
Engagement pour la paix et soutien à l’Ukraine
En organisant au Bürgenstock la conférence de haut niveau sur la paix en Ukraine, le Conseil fédéral a renforcé le dialogue en vue d’une paix durable et équitable : plus de 90 pays ont signé le communiqué conjoint de la conférence. Dans le domaine de la coopération internationale, la Suisse a étendu son soutien à l’Ukraine à plus de 600 millions de francs depuis le début de la guerre. Dans le cadre de sa stratégie de coopération internationale 2025-2028, le Conseil fédéral a prévu de débloquer un nouveau montant d’1,5 milliard de francs pour aider l’Ukraine, dont une partie (500 millions de francs) est réservée à la stimulation des investissements des entreprises suisses en Ukraine. Le Conseil fédéral a nommé un délégué pour l’Ukraine, lui confiant la mise en œuvre du programme qu’il a adopté pour ce pays. Par ailleurs, il a organisé en octobre 2024, à Lausanne, la conférence sur le déminage en Ukraine (Ukraine Mine Action Conference, abrégée UMAK), pour soutenir le déminage humanitaire en Ukraine.
Mobilisation en faveur d’un multilatéralisme ciblé et reposant sur le principe de subsidiarité
Durant la deuxième année de son mandat au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, la Suisse a contribué à l’adoption de plusieurs résolutions. Ainsi, à l’initiative de la Suisse, le Conseil de sécurité a adopté une résolution sur la protection du personnel humanitaire et une autre sur l’application des principes de l’état de droit dans les régimes de sanctions de l’ONU. La Suisse a également participé à l’adoption d’autres résolutions, notamment sur les conflits au Proche-Orient et au Soudan. Assurant pendant un mois la présidence du Conseil de sécurité, elle a inscrit la diplomatie scientifique à l’agenda de cet organe et attiré l’attention de ses membres sur l’impact des développements technologiques sur la paix et la sécurité.
La polarisation géopolitique a pour effet de paralyser non seulement le Conseil de sécurité, mais également les autres instances multilatérales. Néanmoins, des succès concrets ont pu être obtenus durant l’année 2024, comme l’adoption par le Conseil de l’Europe de la Convention-cadre sur l’intelligence artificielle, ou encore la conclusion de deux nouveaux traités dans le cadre de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, sise à Genève. Dans le domaine de l’environnement et de la prévention de la pollution, des progrès ont également été réalisés, permettant de renforcer le rôle de la Genève internationale. En assumant la présidence de l’OSCE en 2026, la Suisse endossera sa part de responsabilité en matière de sécurité européenne et œuvrera en faveur d’un multilatéralisme efficace. Par ailleurs, la Suisse a été élue membre du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour un mandat de trois ans (2025-2027).
Influence du groupe des BRICS sur l’ordre mondial
Consacré au groupe des BRICS, le dossier spécial du rapport sur la politique extérieure a été rédigé en réponse au postulat 23.3970. Ce dossier s’applique à expliquer l’origine du groupe des BRICS, à analyser son positionnement et à décrire son influence dans les domaines du multilatéralisme, de l’économie mondiale, des finances, de l’environnement, de la paix et de la sécurité. Les pays du groupe des BRICS aspirent à un ordre mondial « multipolaire » et exigent des réformes de l’ONU et des institutions financières internationales. Le Conseil fédéral souligne la nécessité de renforcer les relations avec les pays émergents et soutient tous les efforts visant à faire en sorte que ces mêmes pays assument des responsabilités dans les domaines de la paix et de la sécurité, ainsi que dans la mise en place d’un système multilatéral pleinement fonctionnel.
Le rapport sur la politique extérieure fait peau neuve
Le Conseil fédéral souhaite renforcer la cohérence de sa politique extérieure et l’axer davantage sur la réalisation d’objectifs. Raison pour laquelle la structure du rapport sur la politique extérieure reprend celle de la stratégie de politique extérieure du Conseil fédéral pour la période 2024-2027 (SPE 2024-2027) et de ses 28 objectifs. En 2024, le Conseil fédéral était sur la bonne voie pour la réalisation d’ici 2027 d’une bonne partie des objectifs (18) et partiellement sur la bonne voie pour les autres. Autre nouveauté, l’intégration d’un dossier spécial doit permettre d’approfondir un sujet d’actualité qui est en lien avec la politique étrangère et qui a été important pour la Suisse durant l’année sous revue. Enfin, pour la première fois, le graphisme du rapport sur la politique extérieure a été entièrement revu.
RAPPORT SUR LA POLITIQUE EXTÉRIEURE 2024(pdf, 3242kb)
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