Rencontre avec le Tunisien Hakim Ghezal, professeur pendant 30 ans en Suisse


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Article, 13.09.2024

Né à Akouda (Sousse) en 1957, Hakim Ghezal a grandi, étudié et commencé à enseigner en Tunisie avant de s’installer à Lucerne puis à Zurich. Pour continuer ses études, cette fois-ci en Suisse et plus précisément à Zurich, Hakim a dû apprendre une nouvelle langue: l’allemand. Dès lors, le Tunisien a pu assouvir sa soif d’apprendre en mathématiques et informatique, et a transmis sa passion durant 30 ans à des milliers d’étudiants qu’il a autant marqués que son domaine. Ses travaux de recherche ont d’ailleurs été parmi les premiers à déboucher sur des imprimantes 3D et un logiciel de reconnaissance faciale, et les leçons tirées de ses recherches sur le traitement de l'image ont été utilisées dans un projet qui a conduit au billet de banque suisse moderne ! Rencontre avec ce grand passionné, aujourd’hui à la retraite, qui a beaucoup apporté à l’enseignement supérieur en Suisse et qui continuera de marquer les futures générations.

Hakim Ghezal a enseigné les mathématiques et l'informatique pendant 30 ans en Suisse
Hakim Ghezal a enseigné les mathématiques et l'informatique pendant 30 ans en Suisse ©Daniel Zumbühl

Dans quelle ville avez-vous grandi?

Je suis né à Akouda, Sousse, le 17 décembre 1957. J’ai été à l’école primaire d’Akouda, au lycée de Kalaa Kébira puis à la Faculté des Sciences de Tunis pour des études en biologie de 1977 à 1980. Un an plus tard, j’ai enseigné à l’école primaire de L’Aouitha, à Kairouan.

Pourriez-vous nous parler de votre carrière professionnelle en Suisse? Comment s'est passée votre intégration professionnelle au tout début?

Au début, j'ai travaillé au Camping Lido à Lucerne. Ensuite, j'avais envie de travailler dans une fabrique de bougies. Après un entretien, un conseiller d'études, le Dr Hugo Wyss, m'avait alors recommandé d'étudier. J’ai donc pris des cours d’allemand à l'école Benedikt à Lucerne en 1981 et passé l’examen d'entrée à l'École Minerva à Zurich en 1982. De 1983 à 1987, j’ai fait des études à l’Université de Zurich : mathématiques comme matière principale, informatique comme grande matière secondaire et physique comme petite matière secondaire. J’ai obtenu par la suite un diplôme en mathématiques (master) en 1987 puis un diplôme complémentaire en informatique deux ans plus tard. J’ai également un doctorat en informatique et un diplôme pour l’enseignement supérieur. Dans le cadre de la recherche à l'Institut d'informatique de l'Université de Zurich, je suis l’auteur de 12 applications scientifiques. J’ai également réalisé la programmation de billets de banques ainsi que des copies 3D solides (stéréolithographie) et fait de la reconnaissance de visages avec des réseaux neuronaux artificiels. A Lucerne, j’ai été pendant 30 ans professeur de gymnase en mathématiques, informatique et mathématiques appliquées à la Maturitätsschle pour adultes à Reussbühl mais aussi professeur de mathématiques, d'informatique et de mathématiques appliquées à l'école cantonale de Sursee (1992-2022).

En vous installant au tout début en Suisse, qu'avez-vous noté comme différences/particularités dans le système éducatif? Comment pourraient mutuellement s'enrichir les deux pays dans ce domaine?

Dans le système tunisien, les mathématiques sont combinées avec la physique. À l'université de Zurich, on peut par exemple combiner les mathématiques avec la géographie, la musique ou la philosophie. On a une grande liberté dans le choix des matières. Il y avait une matière principale, une grande matière secondaire et une petite matière secondaire. À l'époque, j'avais choisi les mathématiques, l'informatique et la physique.

Vous avez notamment collaboré à la fabrication de la précédente série de billets de banque suisses. Pourriez-vous nous en dire davantage?

Il s’agissait d’un projet de recherche pour la programmation des billets de banque, une dommission pour l'encouragement de la recherche scientifique (KWF) signé par l'ancien conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz! Pour la numérisation des billets de banque, l'entreprise Orell Füssli était responsable de l'impression, le graphiste Zinsmeyer était responsable de la conception et l'Université de Zurich responsable de l'implémentation du projet. Le professeur Peter Stucki, mon directeur de thèse, était responsable des finances et j'étais responsable de la programmation des billets de banque (18 programmes).

De quoi êtes-vous le plus fier?

D’avoir obtenu un titre de docteur dans une discipline moderne de l'informatique de l'Université de Zurich et dans une langue étrangère (l'allemand) alors que mes parents n'ont jamais été à l'école. J'ai également eu 4 diplômes universitaires de la même université et été choisi parmi 16 candidatures de Suisses et d'Allemands pour le poste de Professeur de mathématiques et d'informatique à l'école cantonale de Sursee et à l'école de mathématiques pour adultes. Seules les compétences ont compté, ni la nationalité ni la religion. Le programme d'enseignement de la matière complémentaire informatique, dans le canton de Lucerne, est également une fierté car il a été conçu par mes soins.

Que vous a appris cette belle carrière?

Les mathématiques sont très importantes. Elles m'ont beaucoup aidé à mieux comprendre l'informatique. Elles sont aussi partout dans la vie quotidienne ! Je dirais aussi que la collaboration en équipe est très importante et, enfin, qu’en cas de difficultés, il ne faut jamais abandonner.

En Suisse, quelles sont les choses qui vous manquent le plus de la Tunisie?

Le beau temps et les rencontres familiales.

Y retournez-vous de temps en temps?

Oui, de temps en temps, pour les vacances ou les visites familiales.

Que faites-vous aujourd'hui? Avez-vous des projets?

Je profite de ma retraite et je n’ai pas de projets. Après le stress de deux années liées au Coronavirus, avec des cours par correspondance, j'étais très éprouvé à la fin.