Accepte-moi comme je suis – Zvandiri

Ces dernières années, l’Afrique a accompli des progrès importants dans la lutte contre le VIH/sida. Malgré une amélioration de la situation, les médicaments restent parfois difficiles à obtenir et les personnes séropositives, les jeunes en particulier, doivent faire face à la stigmatisation et à l’exclusion sociale. La DDC soutient un projet au Zimbabwe dans le cadre duquel des jeunes aident des personnes du même âge à vivre avec la maladie et à lutter contre la stigmatisation.

Un jeune homme tient une pancarte jaune sur laquelle on peut lire: «Éradiquons le VIH d’ici à 2030».

Au Zimbabwe, la DDC soutient des projets de sensibilisation efficaces et menés à grande échelle pour lutter contre le VIH/sida. © DDC

Le monde peut mettre fin au sida, avec des communautés qui montrent la voie.
ONUSIDA

À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, le monde appelle à un plus grand soutien en faveur des communautés touchées par le VIH/sida. Les personnes vivant avec le VIH/sida sont en première ligne de la lutte contre la maladie. Mais pour être en mesure de livrer combat, ces personnes doivent pouvoir vivre et s’épanouir sans craindre la stigmatisation et l’exclusion. Privilégiant une approche communautaire et inclusive, un projet mené au Zimbabwe envoie un signal fort contre l’exclusion et la stigmatisation.

Plus qu’une «simple» maladie

Au Zimbabwe, environ 1,2 million de personnes, dont 16% ont moins de 24 ans, vivent avec le VIH/sida. Dans ce pays comme dans de nombreuses régions du monde, les personnes séropositives sont stigmatisées. La stigmatisation impacte profondément la vie des personnes touchées et entrave les efforts déployés pour endiguer l’épidémie. Le VIH/sida est souvent associé à des stéréotypes négatifs fondés sur l’ignorance et les préjugés.

L’une des principales causes de la stigmatisation au Zimbabwe est le manque d’information et de sensibilisation sur la maladie. Les idées fausses sur les modes de transmission du virus et sur le traitement de la maladie étant encore très répandues, beaucoup de gens adoptent des comportements d’évitement à l’égard des personnes infectées. Cette mise à l’écart est lourde de conséquences: les personnes vivant avec le VIH/sida sont souvent exclues de leurs communautés, perdent leur emploi et n’ont pas accès au soutien social dont elles ont besoin. L’isolement social et le stress psychologique auxquels elles sont confrontées ont des répercussions directes sur leur santé. Face à cette peur de l’exclusion, les gens refusent de se faire dépister et les personnes infectées hésitent à se faire soigner. Conséquence: une partie des infections ne sont pas diagnostiquées et de nombreux patients ne reçoivent pas les soins adéquats.

Outre le développement des infrastructures et des services de santé, il faut continuer à informer les populations et à favoriser la réintégration des personnes vivant avec le VIH/sida dans la vie sociale. Les médicaments disponibles aujourd’hui augmentent considérablement l’espérance et la qualité de vie des personnes infectées. Il est donc d’autant plus important d’améliorer l’accès aux médicaments et aux services et d’aider les personnes concernées à dépasser leurs appréhensions liées à la peur de l’exclusion sociale.

Zvandiri

Au Zimbabwe, la DDC soutient des projets de sensibilisation efficaces et menés à grande échelle pour lutter contre le VIH/sida. Ces projets sont essentiels pour sensibiliser la population à la pandémie de VIH/sida et favoriser la mise en place dans le pays de mesures en matière de prévention et de traitement de la maladie. Zvandiri en est un exemple.

Tout a commencé en 2004, lorsque Simbisai, une jeune fille de 13 ans, écrit une lettre demandant la création d’un espace sûr dans lequel les enfants et les jeunes vivant avec le VIH pourraient se réunir, se soutenir et apprendre les uns des autres. Le premier groupe d’entraide est créé à l’initiative de six jeunes originaires de Harare, capitale du Zimbabwe. Ces jeunes venaient alors de découvrir leur statut sérologique et cherchaient à en comprendre toutes les implications. C’est Amanda, une jeune fille âgée de 14 ans, qui a donné au groupe le nom de «Zvandiri», qui signifie «comme je suis».

À l’époque, le dépistage du VIH, le traitement et les soins pour les enfants et les adolescents commençaient à devenir plus concrets, mais ces jeunes voulaient plus que des médicaments et des visites à l’hôpital. Bonheur, espoir, confiance et acceptation de soi: voilà ce à quoi ils aspiraient. Depuis 2004, les jeunes participent directement à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des programmes et des innovations de Zvandiri.

© Zvandiri

Un modèle efficace et novateur

Zvandiri offre une prise en charge globale qui comprend l’accès aux services de santé, un accompagnement social, des services de protection, un soutien psychosocial, des programmes de renforcement des capacités ainsi que des activités de plaidoyer. Concrètement, des adolescents et de jeunes adultes vivant avec le VIH/sida supervisent la planification et l’utilisation de services en faveur d’autres personnes du même âge.

Ils travaillent en collaboration avec les services de santé publique et le personnel des cliniques, et effectuent un travail de sensibilisation pour convaincre d’autres jeunes de se faire tester et identifier ainsi des personnes supplémentaires porteuses du virus. Les jeunes personnes faisant partie des équipes de soutien, qu’on appelle également CATS pour «Community Adolescents Treatment Supporters», ont pour tâche d’expliquer aux personnes testées positives comment se procurer des médicaments, comment et quand les prendre et à quel moment se rendre dans une clinique pour effectuer le test de la charge virale. Le corps enseignant et les écoles sont également visés par le projet, le but étant d’informer les jeunes sur le VIH et de les sensibiliser aux questions de la santé sexuelle et reproductive. Aujourd’hui, le projet Zvandiri est considéré, au Zimbabwe et au-delà de ses frontières, comme un modèle extrêmement efficace, pertinent, innovant et durable.

La certitude de ne pas être seul

Le projet Zvandiri vise à mettre en contact des jeunes vivant avec le VIH/sida, dans le cadre par exemple de réunions de groupes de thérapie. Ces rencontres sont fondamentales, surtout pour la santé psychique des personnes concernées, car elles leur donnent le sentiment de ne pas être seules face à la maladie. Elles les aident à se sentir compris et leur permet d’apprendre des expériences des autres. 

Avant ma rencontre avec les CATS, j’avais peur que mes amis se moquent de moi en découvrant que je prenais des antirétroviraux. Grâce au groupe d’entraide, j’ai réalisé que les personnes dont je me cachais prenaient les mêmes médicaments que moi, et aujourd’hui nous sommes tous amis.
Renius, membre d’un groupe d’entraide

Zvandiri vise à stimuler le débat public autour de la question du VIH/sida et à donner la parole aux jeunes. Lors des rencontres, la danse et le chant sont omniprésents. La musique joue en effet un rôle important: elle contribue à créer des liens et à faire entendre au monde extérieur la voix des jeunes vivant avec le VIH/sida.

Cette réinterprétation de la chanson «This is me», tirée du film «The Greatest Showman», dénonce la stigmatisation et l’exclusion des personnes vivant avec le VIH/sida. © Zvandiri

Autres activités de la DDC

La Suisse participe activement aux efforts mondiaux engagés pour maîtriser l’épidémie de VIH/sida en soutenant des organisations internationales comme l’OMS, ONUSIDA et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que des ONG, des associations et des réseaux internationaux et régionaux. Dans les programmes spécifiques aux pays, la Suisse met l’accent sur la prévention (concernant les programmes de santé sexuelle et reproductive notamment) ainsi que sur l’amélioration de l’accès non discriminatoire au traitement, aux soins et à la prise en charge. Dans les régions fortement touchées par le VIH, le rôle des personnes vivant avec le VIH/sida est également intégré dans différents programmes en dehors du secteur de la santé. L’impact des projets sur ces personnes est pris en compte, et vice versa.

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